«- Dis papa, tu sais quand il reviendra le soleil ? »
30 mars 2020Angélique Marcellier, chamane et fille de lumière
7 avril 2020 Un jour de mars gris comme la crise du coronavirus qui sévit et comme le confinement général qui s’annonce, des rues quasiment désertes, une cité médiévale endormie et soudain, une vieille boutique dont on ne sait si elle est ouverte ou si elle est en plein déménagement tant elle semble encombrée. Sur le trottoir, des tables sur lesquelles s’empilent des monceaux de livres. Des petits, des gros, des récents, des plus anciens. Des revues et des BD aussi. Le tout plus ou moins rangé (tout dépend de ce que l’on entend par rangé…). Derrière la devanture vitrée, un véritable capharnaüm! Des posters, des tableaux et même des marionnettes désarticulées qui ne demandent qu’à revivre ! A l’intérieur, une ampoule allumée semble témoigner d’une présence, tout comme la porte légèrement entrouverte, mais le « il y a quelqu’un ? » reste sans réponse. Alors, que faire ? Rebrousser chemin et remettre à plus tard la visite de ce « Chti musée de la presse » ? La tentation d’en savoir plus est trop forte. Si la porte n’est pas fermée, c’est qu’on peut entrer. A peine le pas franchi, c’est le choc. Des livres partout ! Certains rangés dans les étagères, d’autres à même le sol en attente d’être triés, répertoriés et classés. A gauche, ce qui doit être le bureau du maître des lieux, avec un ordinateur qui émerge difficilement d’un amoncellement quasi indescriptible d’ouvrages et autres documents. A droite, un renfoncement lui aussi équipé d’un bureau encombré, lui, de tableaux et de fascicules consacrés à l’art. Derrière, deux autres espaces. L’un consacré notamment aux conflits mondiaux et l’autre à la spiritualité. Entre les deux, des journaux, des centaines de journaux, des Paris Match notamment, classés par année de publication. Une voix surgie de nulle part brise soudain le silence presque religieux du lieu.- Je vais vous allumer toutes les lumières, vous y verrez mieux !Confuse et gênée comme une petite fille prise la main dans la boîte à bonbons, je me lance dans une sarabande d’excuses, mais mon interlocuteur ne semble ni les entendre, ni percevoir le trouble qui m’anime. L’homme a vécu. Soixante-dix ans passé, le front dégagé, des cheveux mi longs qui couvrent sa nuque, une barbe blanche qui lui donne des allures de druide, de petits yeux malicieux qu’un sourire vient compléter avec bonheur… Il apparait d’emblée sympathique.- N’hésitez pas, fouillez ! Vous trouverez sans doute quelque chose qui vous plaira ! Si vous avez besoin, vous m’appelez sur mon portable, je n’habite pas loin !Bernard Schoenmaeker exploite depuis plusieurs années déjà le « Ch’ti musée de la presse », à Villefranche de Conflent. Bouquiniste depuis 35 ans, il est capable de vous dire s’il détient votre Graal, le fameux livre que vous recherchez depuis des années et surtout l’endroit exact où il se trouve ! Pour ma part, je repartirai avec quelques livres aux pages fanées par les milions de doigts qui les ont tournées, trois chouettes multicolores en pâte à papier, quelques « Une » mémorables de Paris-Match dont le fameux Printemps de Prague écrasé par les russes… Et surtout un nouvel ami qu’il me tarde de retrouver une fois le confinement terminé !