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26 décembre 2020La crise du Covid19 est en train de transformer le secteur de la restauration en véritable champ de ruines. Dans les halles de Perpignan, la Gourmeterie peut compter sur la solidarité de ses clients. La bonne humeur de Chantal Laurent, la « maman » du lieu, y est pour beaucoup.
Difficile en ce moment pour les restaurateurs de garder le sourire et pourtant, à la Gourmeterie Vauban, Chantal Laurent s’y emploie chaque jour. Il faut dire qu’elle a été à bonne école. Son père, Maurice, était boucher-charcutier en Dordogne. « J’ai tout appris en le regardant faire. » Il lui a transmis le goût des bonnes choses – « Il faisait des sauces d’un autre monde ! » – et surtout de l’essentiel. « En cuisine, c’est l’amour qu’on met qui fait la différence. »
Pas étonnant donc que ses plats soient généreux et savoureux à souhait. « Souvent, je cuisine ce que j’aime manger. Ici, c’est comme à la maison. » Et les clients ne s’y trompent pas. Ce qu’ils viennent chercher à la Gourmeterie Vauban, c’est cet esprit famille qui ravit l’esprit autant que les sens. Car Chantal sait y faire. Jamais vous ne la verrez morose ou distante. A 67 ans, cette bonne-vivante n’a rien perdu de son attention à l’autre, de cette curiosité qui la pousse à entamer la conversation. Et ce, quels que soient son humeur ou ses états d’âme du moment. La crise du Covid 19 n’y a rien changé.
Tenir coûte que coûte
« Lors du premier confinement, on a été pris de court et on a fermé pendant un mois et demi. Cette fois, on s’est organisé et on essaie de tenir en faisant un peu d’emporté. » Tenir, le maître mot d’un secteur de la restauration en plein chaos. « De toute façon, on n’a pas le choix. Rien ne va bien, mais ça ne sert à rien de se lamenter. Il faut continuer d’avancer et attendre des jours meilleurs. »
Quand elle entend les politiques parler de 2021 comme de l’année de la gastronomie, elle a pourtant du mal à garder son calme. « Il faudrait encore que les restaurants aient survécu ! Beaucoup ne se remettront pas de tous ces mois de fermeture. »
L’avenir, Chantal ne veut pas y penser. « On ne sait même pas quand on pourra rouvrir alors… » Pour l’instant, la Gourmeterie, comme tous les restaurants, tente juste de se maintenir la tête hors de l’eau. Les aides, dont le fameux prêt garanti par l’Etat, l’y aident un peu mais à quel prix… « Avant tout ça, je n’avais jamais eu de crédit pour mon affaire. On avait eu la chance de créer notre affaire sur fonds propres. Aujourd’hui, on s’est mis un crédit sur le dos pour pouvoir continuer. C’est comme si on rachetait notre affaire. C’est grave et difficile à accepter. »
Une clientèle très solidaire
Dans ce fatras de mauvaises nouvelles, la Gourmeterie peut tout de même compter sur ses clients. « Nous tenons grâce à eux. Ils ne nous ont jamais lâchés. Certains n’auraient pas besoin de commander des plats, mais ils viennent pour nous soutenir et pour nous aider. Ils ont toujours un petit mot d’encouragement. Cette attitude me touche beaucoup. Jamais je n’aurais imaginé une telle mobilisation ! »
La sympathie, l’ouverture, la sollicitude dont Chantal Laurent fait preuve auprès d’eux depuis l’ouverture du restaurant il y a trois ans, trouvent là un juste retour. Et c’est peut-être ça le « cadeau » du Covid19, cette solidarité retrouvée. Et cette volonté commune de préserver ce qui fait l’essence de notre culture française : la convivialité.