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15 septembre 2019[ad_1]
« La complainte des mégots
– Hé, toi, tu m’entends ?
Surprise, Lili se retourne, mais ne voit personne. Après un rapide coup d’œil panoramique, elle reprend sa marche vers la mer déchaînée. Les rouleaux, gonflés par les pluies de la nuit, se succèdent dans un bruit de fin du monde. L’eau et le vent conjugués tressent sur les crêtes des bracelets d’écume qui disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus.
– Tu as raison de penser à la fin du monde, vous y allez tout droit avec votre « jenfoutisme » généralisé !
Toujours cette voix venue de nulle part… Cette fois, Lili s’arrête, déterminée à savoir d’où elle vient. Elle ne peut pas venir des nuages, le vent les chasse bien trop vite ce matin-là. Rien non plus du côté de la jetée, elle est bien trop loin pour laisser échapper le moindre son. Quant à la mer, elle est bien trop occupée à venir claquer le sable de ses vagues tumultueuses pour s’intéresser de près ou de loin aux derniers touristes de l’été ! C’est alors que son regard glisse vers ses pieds. Et là, surprise aussitôt suivie d’une sourde indignation. En lieu et place des plumes et des coquillages qu’elle ramasse habituellement, Lili découvre un monceau de mégots de cigarettes. Si le vent et les marées ne s’étaient obstinés à les rassembler, ils pourraient passer inaperçus. Petits cailloux blancs qui, contrairement à ceux du Petit Poucet, ne mènent nulle part sauf à une perte annoncée… Mais l’été reparti, ils sont désormais plus nombreux que les plaisanciers Et leur présence en nombre pointe du doigt l’irresponsabilité collective d’une Humanité qui, dans sa grande majorité, n’a que faire d’un environnement où pourtant, elle vit, dont pourtant elle recueille les bienfaits…
– Et moi, tu crois que j’ai demandé à être là ? Non pas que je n’apprécie pas la beauté du lieu, mais je sais, moi, que je l’enlaidis, que je le rends malade par ma présence. Et qu’il faudra entre un et trois ans pour que je disparaisse totalement. Autant dire que la plage où tu marches si souvent, aura bientôt plus de mégots comme moi que de coquillages !
Comment des gens qui viennent profiter de la plage, y poser leur serviette, s’y faire dorer peuvent décemment et sans aucun scrupules y laisser leurs déchets ? Mystère. La solution serait peut-être d’arrêter de nettoyer ces plages pour qu’un jour, comme dans d’autres pays du monde où les Occidentaux envoient leurs déchets, la nature soit devenue tellement malade qu’enfin l’Humanité se réveille et prenne conscience de son importance et de sa fragilité. Alors, à toi l’inconnu(e) qui aura envie de fumer sur la plage, fais en sorte de repartir comme tu es venu(e). Sans rien laisser derrière toi! » Christine Allix