Franck Giacometti, le fondu d’asperges
20 avril 2021Il est grand Max
29 mai 2021Avec ses deux couettes et ses yeux malicieux, Maureen ne passe pas inaperçue au centre de rééducation. Son air dégingandé et son sourire perpétuellement accroché aux lèvres attirent tout de suite. « L’Anglaise », comme l’ont surnommée certains ici, s’intéresse à chacun, prend le temps de s’arrêter et d’échanger quelques mots. Et surtout, elle ne se plaint jamais ! Atteinte de rhumatismes et polyarthrite dégénérative, elle aurait pourtant toutes les raisons de le faire, elle qui accumule les opérations.
Mais Maureen est comme ça, elle prend la vie comme elle vient. Quand la douleur se fait trop vite, elle regrette « de ne pas avoir assez remercié quand elle était jeune ». Ces moments de découragement ne durent jamais plus de cinq minutes. Comme une idée qui jaillit pour mieux s’évacuer.
Curieuse invétérée
Quand je suis arrivée au centre, elle a été mon rayon de soleil. « Tu n’as qu’à me parler anglais et moi, je te parle français, comme ça, on va apprendre des choses toutes les deux. » A 72 ans, celle que ses amis ont surnommé « Mad Mo », reste curieuse de tout. De nouvelles expressions françaises qu’elle ne connait pas comme de tout ce qui l’entoure. La vie, elle a profité en voyageant dans toute l’Europe en autostop. Le reste, elle ne l’a pas forcément choisi.
Devenue professeur de français et d’allemand pour nourrir sa fille, elle n’a jamais vraiment eu la vocation. « J’ai fait ce que j’ai pu, mais je ne savais pas faire. J’étais incapable de m’affirmer. Quand ils me voyaient arriver, mes élèves criaient de joie. On s’amusait à lancer des avions en papier, je leur jouais de la guitare… » Comme Edith Piaf, Mo dit n’avoir aucun regret. Ni aucun rêve d’ailleurs. « Je prends ce qui vient. Tout simplement. »
Jeune, elle aurait voulu être une autre femme, plus conforme aux normes. « J’étais si grande, avec des pieds de 42, j’ai passé mon temps à marcher les épaules tassées, la tête renfoncée, les jambes fléchies pour essayer de paraitre plus petite. » Aujourd’hui, tout ça est bien loin. Mo ne s’encombre plus de ce que peuvent penser les autres. Elle est elle-même, quitte à passer « pour une déjantée qui n’est jamais redescendue sur terre ». Et je vous le dis, des personnages comme ça, avec une telle force de résilience, quelle chance exceptionnelle de croiser leur route ! Ils nous apprennent plus sur nous-mêmes que toutes les conférences et formations du monde ! Love you Mo !