Marie-Agnès Laleman, la femme-abeille
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8 septembre 2020Il fut un jour lointain où, dans la région de Nébias, une femme soignait les gens avec des plantes. Elle passait des heures dans la nature à récolter les plantes aux vertus médicinales, à réaliser des décoctions salvatrices. Les gens accouraient de partout pour se faire soigner.
Sa popularité finit par agacer certains qui l’accusèrent de magie noire. On commença à lui imputer tous les malheurs, toutes les disparitions inexplicables de la région.
Se sentant menacée, la guérisseuse se retira dans la forêt pour préparer ses potions miraculeuses. Malgré le danger croissant, elle continua de soulager et de délivrer bon nombre de personnes de maux physiques et psychologiques.
Malheureusement, l’inexplicable, l’ignorance et la jalousie engendrent souvent la peur, laquelle conduit inexorablement au rejet et à la haine. A Nébias, ceux qui ne voyaient pas d’un très bon œil la capacité de cette femme à guérir les gens qui venaient la voir, la désignèrent comme une sorcière aux pouvoirs maléfiques et n’eurent de cesse de trouver son antre. Des jours durant, ils se relayèrent pour la suivre et découvrir son refuge.
Notre guérisseuse dont la foi était aussi forte que son don, avait construit en plein milieu de la forêt une petite hutte en bois quasiment indécelable à l’œil nu tant elle se fondait dans l’environnement. Ayant remis sa destinée entre les racines des arbres qui l’entouraient, la guérisseuse se croyait protégée. Mais c’était sans compter sur la haine de ceux qui voulaient sa mort.
Une nuit, des hommes la suivirent jusqu’à sa hutte. Ils attendirent qu’elle y soit entrée pour y mettre le feu. La guérisseuse de la forêt n’eut aucun moyen de s’échapper et mourut dans d’atroces souffrances.
Des mois, des années, des siècles durant, elle hanta le lieu et poursuivit tous ceux qui s’approchaient du lieu où elle avait brûlé vive. Beaucoup rapportèrent avoir entendu ses cris de colère… Sa présence était si prégnante, sa colère si forte qu’on surnomma le lieu « Roc de la Breïcho » ou « roc de la sorcière » en occitan.
Un jour, une femme, elle-même guérisseuse, entendit ses cris et plutôt que de prendre ses jambes à son cou, s’arrêta pour les écouter. Elle appela à la rescousse quelques amies douées du même don qu’elle et toutes se réunirent autour de la table de guérison qu’utilisait la guérisseuse en son temps pour soulager les personnes qui sollicitaient son aide. Là, mobilisant tout l’amour inconditionnel dont elles étaient capables, l’unique arme capable de vaincre la colère, elles aidèrent l’âme errante à rejoindre le seul monde où elle devait désormais vivre.
De sorcière, celle-ci redevint ainsi guérisseuse et pour remercier les bonnes âmes qui avaient entendu sa souffrance, guérit en chacune d’elle ce qu’il y avait à guérir.
Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à vivre… Y compris et peut-être surtout l’irrationnel.