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« L’accordéoniste Elle arrive, un accordéon en bandoulière, suivie d’un chien q…

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« L’accordéoniste
Elle arrive, un accordéon en bandoulière, suivie d’un chien qui parait aussi las et désespéré qu’elle. Elle jette un coup d’œil autour d’elle et aperçoit le banc en grès vide qui semble lui tendre les bras. Elle y pose son accordéon, y fait monter son chien et fouille dans un sac à main aussi maigre qu’elle. Elle pose un sac à ses pieds, une petite boîte vide et s’assoit. Son visage marqué par les épreuves de la vie dégage une tristesse terrible. Son regard ne semble pouvoir s’accrocher à rien. Là sans être là. Fantôme à peine visible sur une place où les gens ne font que passer, tout occupés à acheter ce qu’ils cuisineront ou dégusteront un peu plus tard. Elle passe les bretelles de son accordéon sur ses épaules décharnées et s’apprête à jouer quand un des vendeurs forains l’interpelle gentiment pour lui dire d’aller jouer sur la place réservée aux artistes, juste quelques mètres plus loin. Elle lui fait comprendre qu’elle n’a pas la force d’aller plus loin et qu’elle ne fera pas de bruit qui pourrait déranger sa clientèle. Conscient de l’état de désespérance de son interlocutrice, il bat en retraite. Ses doigts commencent alors à pianoter sur les touches. Elle a fermé les yeux. Une musique triste et lancinante s’échappe de l’instrument. Quelques personnes s’arrêtent et déposent quelques pièces. Elle s’appelle Lucie et joue pour oublier sa détresse. « Excusez-moi, il faut que je joue sinon je pleure… » Elle ferme de nouveau les yeux et recommence à jouer. Elle est seule, si seule. Comment s’éloigner sans se préoccuper de son sort ? Quelques mots échangés peuvent-ils suffire à soulager la conscience ? A la deuxième rencontre, elle s’ouvre un peu, toute étonnée que quelqu’un s’intéresse à elle, à son devenir. Elle explique qu’elle s’est fait voler toutes ses affaires la nuit précédente, y compris son passeport. « J’avais déjà eu tant de mal à l’obtenir… ». Elle confie dans un souffle qu’elle vit dehors parce que là où elle avait trouvé un toit, on lui fait vivre l’enfer. Elle raconte qu’elle dort par tranches de trente minutes parce qu’elle ne cesse de se faire harceler par les hommes, que la nuit est dangereuse pour les femmes dans sa situation. D'une voix à peine audible,elle parle de sa lassitude et de son incompréhension face aux événements qu’elle subit depuis quatre ans. « La crise de la quarantaine sans doute… « A la question de savoir comment on peut l’aider, elle répond par un haussement d’épaules. « Je ne sais même plus ce que je veux… Peut-être juste me poser dans un endroit tranquille et me reposer sans avoir peur, sans craindre quoi que ce soit ou qui ce se soit… » Après un échange de numéros de téléphone, chacune retourne à sa vie. Elle a repris son accordéon et s’est remise à jouer. C’est tout ce qui lui reste. Elle fait penser à la Môme, cette chanteuse de rue devenue l’une des plus grandes chanteuses française. Personne n’est à l’abri d’un accident de la vie, d’une descente aux enfers. Le sourire d’une inconnue, le temps partagé, fût-il court, une main tendue peuvent parfois inverser le cours des choses, ramener l’espoir là où il n’y avait que découragement, rallumer la lumière là où il n’y avait que l’obscurité, apporter de la chaleur là où il n’y avait que le froid de la solitude. » Christine Allix


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