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Sur la place du village, un monument aux morts en forme d’obélisque, une forme venue d’Egypte souvent choisie par les communes après la guerre 14-18 à la fois pour le coût modique de sa construction et pour ses quatre faces propices aux longues énumérations de noms… Sur l’une des faces, une plaque commémorative aux couleurs du drapeau français dédiés aux « enfants » de ce village « morts pour la Défense du Droit, de la Justice et la Liberté ». Et des noms, des prénoms, des dates de décès datant de la Première guerre mondiale. Des noms et des existences à jamais gravées dans la pierre devant lesquels passent des habitants et des touristes désormais indifférents.

Le temps n’est plus à la guerre en France, en tout cas pas celle qui tue et massacre les humains sans distinction de races et d’âges. Mais une autre guerre se joue un peu plus loin, à la sortie de ce village. Les victimes n’ont pas de noms et n’auront jamais de plaque commémorative. Elles meurent au champ d’honneur dans une bataille qu’elles n’ont pas demandé à livrer. Ces victimes, ce sont les pins de cette région du Puy de Dôme. Des pins qui subissent, jour après jour, des coupes rases sanglantes qui transforment des pans entiers de forêt en champs de bataille apocalyptiques.

Ce petit bout de forêt située à quelques encablures des premières maisons du village, est l’exemple frappant de ce « modèle industriel de la forêt » qui consiste en une plantation artificielle, uniformisée et productiviste.

Là, il y a quelques jours à peine, les plus jeunes arbres ont assisté, impuissants, au carnage des plus anciens. Ils ont vu arriver les humains avec leurs machines infernales, des monstres d’acier entre tractopelle et moissonneuse-batteuse, qui à elles seules remplacent 8 bûcherons et sont capables de 250m3 de bois par jour.

Ils les ont vus arracher leurs congénères, couper et débiter chacun en moins d’une minute, ne laissant derrière eux que des souches amputées de leur usine à absorber le carbone et des branches orphelines abandonnées à même le sol.

Eux qui communiquent par un vaste réseau souterrain notamment relayé par les champignons et ignoré de la plupart des humains, ils ont entendu leurs cris de souffrance et de désespoir comme avant eux, des forêts entières de feuillus. Les jeunes arbres intacts qui ont le même âge, la même hauteur et qui peuvent donc être abattus en même temps, pourraient se croire protégés par leur jeune âge, mais l’appât du gain des humains n’a pas de limites. L’âge d’exploitation des arbres en France ne cessant de baisser, ils risquent de disparaitre bien plus vite que prévu…

La vue de ces forêts moissonnées comme des champs de blés donne à réfléchir. Sur notre demande accrue de en bois énergie depuis le Grenelle de l’environnement de 2007 qui vise à remplacer notre dépendance aux énergies fossiles et à augmenter les coupes de 70% d’ici 2050, faisant passer de 48 à 83 le nombre de mégamètres cubes de bois récoltés. Sur la dégradation des écosystèmes et la disparition programmée de tout un tas d’espèces des mondes animal, végétal et fongique. Sur les dégâts provoqués par les machines qui tassent des sols forestiers fragiles par nature. Sur l’augmentation de la température que la cupidité des industriels provoque… Jusqu’où ira la folie de l’Homme ? Voulons-nous vraiment ces paysages dévastés d’arbres décapités en lieu et place des forêts centenaires où il fait si bon se promener, ramasser des châtaignes ou des champignons ? Il est urgent de prendre conscience que derrière chaque arbre, se joue la vie de l’Humain, que chaque arbre, – il suffit de regarder sa souche – est un individu à part entière. Et qu’à ce titre, il mérite notre respect.

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